Le concours « Les Recettes du chef » est à présent terminé ! En tout, c’est plus de 400 enfants qui ont relevé l’un des deux défis proposés : raconter une bêtise mémorable, ou bien une drôle de visite chez un médecin.
Le jury, composé de Plume, de Gallimard Jeunesse et de l’auteur Jean-Philippe Arrou-Vignod, a pris plaisir à lire toutes les histoires racontées. Il a également eu bien de la peine lorsqu’il a fallu n’en sélectionner que six !
Découvrez sans plus attendre les textes des six lauréats du concours « Les Recettes du chef ».
Une bêtise mémorable
Lucie, 6e
L’affaire du jambon
Ce jour-là, le 26 décembre 2019, j’étais en vacances chez mes grands-parents. Il y avait toute la famille, car la veille, c’était Noël. Pour l’occasion, papa avait apporté un gros jambon de pays (vous savez, les jambons durs à mâcher). Et, alors que tout le monde était couché, même les parents, j’ai entendu du bruit derrière moi. Je me suis retournée et j’ai vu Jean (mon grand frère), qui me regardait :
« Tu dors, Lucie ? a-t-il demandé.
– Non, je danse la samba ! ai-je ricané.
– Suis-moi, j’ai une idée ! »
Je suis sortie de mon lit, et il m’a emmenée dans la cuisine sans réveiller les parents. Mais, tout de suite après, on a vu les trois petits débarquer.
« Sortez immédiatement, les petits ! a dit Jean.
– Ce n’est pas l’heure de se réveiller ! ai-je lancé.
– Ce n’est pas exactement ce que vous faites ! a riposté Pierre-Alexandre.
– Peu importe ! ai-je dit. Qu’est-ce que vous faites ?
– La même chose que vous ! a dit Eugène.
– La même chose ! » a répété Benoît, le plus petit.
En fait, on avait tous la même idée depuis que papa avait mis le jambon de pays dans le frigo.
Alors, Jean a pris le jambon et un couteau et il l’a coupé. Mais le jambon sortait du frigo : il était vraiment tout dur et Jean s’est presque cassé le poignet. Finalement, on a tous croqué un petit morceau, mais Benoît, cette banane, a recraché le sien dans la salle de bains ! Quand les adultes ont vu le jambon entamé, ils ont pensé que c’était oncle Olivier. Heureusement, ils n’ont jamais su que c’était nous. Et franchement, on ne s’en plaint vraiment pas !
Capucine, CE2
Je suis invitée chez ma copine Théa pour une soirée pyjama. C’est son anniversaire. Nous jouons au foot dans le jardin toutes les deux. Tout à coup, je tire et je rate le but. Le ballon roule et atterrit sur l’arrosoir, qui est plein. Il se renverse et fait une grosse flaque sur la terrasse. La maman de Théa arrive alors, en portant le gâteau d’anniversaire pour le goûter. Elle glisse sur la flaque, le gâteau vole en l’air et retombe sur sa tête. Ça dégouline de chantilly, de fraises et de bonbons… Si on ajoutait des bougies, on pourrait la confondre avec un gâteau géant. Plus personne ne bouge, et tout le monde me fixe. Je me dis que j’ai gâché l’anniversaire de Théa. Quelques secondes plus tard, tout le monde éclate de rire et sa maman me dit que ce n’est pas grave. Quel soulagement ! En tout cas, ce sera un souvenir mémorable pour ses neuf ans.
Paul, 6e
Depuis quelques semaines, mon petit frère s’est mis à la trompette. À part casser les oreilles des voisins, je n’y voyais pas un grand intérêt. Un soir, en lisant « Les Trois Brigands » de Tomi Ungerer, j’ai eu une illumination : le soufflet à poivre du deuxième brigand serait ma prochaine invention. Dès le lendemain, je me suis mis à essayer de fabriquer mon propre soufflet à partir de la trompette de mon frère. Comme il n’y avait que du poivre en grains, j’ai décidé de me rabattre sur le sel. Seul à la maison, je suis entré dans la salle de musique, ai sorti l’instrument de la housse et j’y ai versé deux bonnes cuillères à soupe dans le cornet. Ce devrait être du plus bel effet. Ma bêtise accomplie, j’ai remis l’instrument dans sa boîte et suis parti vaquer à mes occupations.
À la surprise de ma mère, je suis venu assister au cours suivant de mon frère. À ma grande déception, le sel n’est pas sorti. Au bout d’une semaine, toujours rien, et les pistons de la trompette se sont bloqués. Mon frère ne pouvait plus jouer. Le but de mon plan n’était pas qu’il ne joue plus, mais au final, j’étais satisfait du résultat.
Au bout de trois mois, malgré plusieurs nettoyages énergiques de mon père, la trompette est restée coincée. J’ai commencé un peu à culpabiliser en voyant mon frère chaque jour se faire disputer, mais je n’osais pas me dénoncer. Rempli de remords, je l’ai fait un soir et j’ai naturellement fini puni dans ma chambre. Au final, mon frère est allé à la lutherie et a continué à me casser les oreilles. Depuis, en regardant « Robin des bois », j’ai eu une idée pour le violoncelle de ma sœur… !
Une drôle de visite
Fériel, CM1
« Je t’emmène chez le médecin pour voir ton cœur dans une télé ! » m’a dit maman. Je n’aime pas les médecins, mais ce que je venais d’entendre m’a enthousiasmée.
Me voilà à l’hôpital Debré. Quel étrange lieu ! Pour aller du niveau 0 au niveau 2, la flèche dans l’ascenseur va vers le bas et la cabine descend.
Maman m’a dit que c’étaient des nombres ténaguifs ou nétaguifs, je ne sais plus. J’avais plein de questions, mais comme maman semblait inquiète, je les ai coincées dans ma gorge comme je le fais avec le chewing-gum quand la maîtresse me prend en flagrant délit.
Le docteur qui, par bonheur, n’était pas monté à l’envers comme l’hôpital, m’a demandé si je savais pourquoi j’étais là. J’ai répondu : « Eh bien, parce que mon cœur doit passer à la télé ! » Il a rigolé alors qu’il n’y avait rien de drôle !
Il m’a fait enlever mon t-shirt et a mis du gel froid sur mon torse. Heureusement qu’il ne l’a pas mis dans mes cheveux, il m’aurait fait ressembler à ce naze d’Hector ! Il a appuyé avec une sonde et m’a dit : « Voilà ton cœur ! »
Quoi !? Ce truc semblable au pigeon tout gris et rabougri qui tremblait l’autre jour sur notre balcon est mon cœur ? Et les paillettes ? Et ces jolies formes roses accrochées à des fils comme des cerfs-volants que je dessine avec mes copines ? C’est sûr, je n’allais pas fanfaronner à l’école le lendemain !
Maman et moi, on est reparties soulagées. Le docteur n’a rien vu d’inquiétant et n’a pas vu mon secret : le sourire de Côme caché au fond de mon cœur !
Arthur, CE2
Aujourd’hui, c’est un grand jour ! J’ai un rendez-vous chez l’ophtalmologiste ! (C’est le docteur pour les yeux.) Dans la voiture, je suis impatient et demande à ma maman : « Quand est-ce que l’on arrive chez l’ophtalmo ?! »
Quand nous entrons dans le cabinet, je me précipite tout de suite dans la salle d’attente. Il y a plein de personnes âgées, des magazines de voitures, des plantes desséchées, des gens qui regardent leur téléphone, des photos avec un œil, des écrans qui montrent des opérations des yeux, un coin pour les enfants avec les livres déchirés et des chaises qui font du bruit.
Quand mon tour arrive, le docteur m’installe sur un siège futuriste. Il se lève, tourne dans tous les sens et fait un bruit de robot. L’ophtalmo a une manette pour le commander. Après, il me met un bidule avec un laser qui change de couleurs. Ensuite, il me fait lire un texte en me mettant des loupes devant les yeux. Je vois mal et je dis n’importe quoi. Il trouve ça très louche et regarde sur les loupes. Il trouve un insecte vert écrabouillé ! Il me fait un autre test et c’est là que je gagne mes lunettes !
Marius, CM1
Quand je suis arrivé chez le médecin, dans la salle d’attente, je ne me sentais pas bien du tout. Pour vous donner une idée, j’étais entre un Bob l’Éponge tout desséché et une usine de fraises Tagada en feu. Mon médecin, c’est un rigolo. Je l’appelle Monsieur Tout-Va-Bien, parce qu’il dit toujours : « Tout – va – bien ! » en articulant comme un comique, et ça me fait rire.
« Alors, mon bonhomme, qu’est-ce qui t’arrive ?
– Ben… J’ai chaud, chaud, chaud, et puis j’ai mal à la tête.
– Oh là là, il va falloir amputer !
– Ah bon ? » j’ai dit, avec mes joues rouges et mes yeux de dragon fatigué.
Le médecin a réfléchi un moment. C’est toujours long, quand un médecin réfléchit. Je voyais déjà ma tête coupée qui criait : « Mais remettez-moi à ma place ! »
Finalement, il a dit :
« Bon, tu as raison, je pense que du Doliprane suffira. Avec un petit sirop pour ta gorge qui est drôlement enflammée.
– C’est tout ? j’ai dit, surpris.
– Non, bien sûr ! J’ajoute sur l’ordonnance une cure d’aliments bioniques pour que tu retrouves tes forces de Superman !
– Spiderman ! j’ai corrigé. Superman, c’est pour les bébés…
– Tout – va – bien ! Ils sont cousins par alliance au quatorzième degré, par grand-tante interposée ! »
Je n’ai rien compris. Ça devait être la fièvre.
« Donc, je rajoute un flacon magique de vitamines, mais attention ! »
Là, il a regardé maman :
« Il faut le mélanger uniquement avec un plat d’épinardus branchus, pour que ça fasse encore plus d’effet ! »
Il a fait un clin d’œil à maman, qui a souri.
Et d’un coup, j’ai compris !
Dites, il ne serait pas un peu amoureux de maman, Monsieur Tout-Va-Bien ?
Encore félicitations aux six lauréats du concours « Les Recettes du chef », qui recevront chez eux leur texte imprimé dans un recueil. Bravo également à tous les participants pour les textes incroyables que vous avez produits.
Et pour les enfants qui veulent relever d’autres défis, découvrez les derniers défis mis en ligne sur les Gaulois ! Pas de concours à la clé, mais des missions d’écriture pour s’amuser cet été en voyageant au temps des Gaulois ! Rendez-vous sur Plume pour développer le pouvoir de l’écriture des enfants !
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