Quand écrire ensemble devient une force
Autre, Les Petits Molières

Quand écrire ensemble est une force

Avant tout, les Petits Molières qu’est-ce que c’est ? C’est un concours d’écriture engagée qui rassemble des élèves de toute la francophonie, du CP à la troisième, autour de la production d’écrits. Cette année, les thèmes étaient : écrire un monde meilleur, protéger la Terre, rêver l’école et réparer le monde. Les élèves ont pu travailler seuls ou en groupe, en classe ou en famille tout le long de l’année scolaire. En mai, le jury composé de véritables écrivains s’est réuni pour choisir ses coups de cœur. Ce 5 juin s’est tenue la cérémonie de remise des prix. Les gagnants ont lu leurs textes sur scène, ensemble, sous les regards ébahis du public et ont reçu leurs prix.

Cette cérémonie avait plusieurs fins :

  • Être un moment de partage, un moment où tous ont pu découvrir les textes des gagnants, et profiter d’une mise en voix par leurs auteurs
  • Faire savoir aux enfants que leurs mots ont une force, ont de la valeur et que nous voulons les entendre.

Cette année, c’était la troisième édition, la troisième année qu’un jury composé d’auteurs d’exception récompense les textes les plus touchants.

Les écrivains en herbe ont parlé du climat, du harcèlement, de la pauvreté, du racisme ou encore du mariage forcé. Ils ont fait rire, réfléchir, ils ont touché le public.

Parmi les participants, des élèves de dispositifs ULIS (Unité Localisée pour l’Inclusion Scolaire), dispositifs pour la scolarisation des élèves en situation de handicap.

Quand les voix oubliées prennent la parole

On parle souvent de ces élèves comme de ceux qui « apprennent autrement ». Ce 5 juin, on a surtout vu des enfants créer ensemble, écrire en collectif, et montrer qu’ils avaient, eux aussi, leur place au cœur de la société et au centre de la scène. Leur voix, trop peu entendue, a résonné dans toute la salle.

Le texte de ces élèves en dispositif ULIS collège, intitulé Le Monologue de Molière, a fait rire, réfléchir et ému jusqu’aux larmes. Inspiré du célèbre monologue d’Harpagon dans L’Avare, le texte imagine une école idéale :

« Peu importe d’où tu viendras, qui tu seras, comment tu apprendras, tu y seras à ta place !
Des aménagements pour ceux qui en auront besoin !
Des espaces pour s’exprimer librement ! »

L’idée était simple mais forte : et si l’école était pensée pour tous ? Et si l’erreur n’était plus une honte, mais un passage normal dans l’apprentissage ?

Mais ne vous méprenez pas, l’inclusion n’est pas le seul sujet auquel cette classe a été sensible. Ils ont également à cœur la sauvegarde de notre planète :

« Point de gaspillage, point de déchets partout. Les classes seront baignées de lumière naturelle et toutes entourées de verdure. On y apprendra dehors aussi, dans des jardins pédagogiques, au bord d’un petit étang, en forêt, en montagne, sur la plage. De quoi leur donner de vilaines idées de voyage et de découverte ! Mais on y comprendra la nature et, de ce fait, on la respectera. Les bâtiments seront écologiques. La cantine proposera des repas sains et équilibrés avec des produits locaux ! Nourrir son corps, c’est nourrir son esprit aussi ! Ils appellent ceci l’éco-responsabilité ! »

Ils nous ont investis d’une mission : l’école qu’ils ont rêvée, c’est l’école qu’on doit tous construire.

Un travail collectif

Ce qui rend ce texte encore plus fort, c’est la manière dont il a été écrit. Les élèves expliquent, à la fin du texte :

« Nous avons associé nos forces pour contourner nos faiblesses.
De ce collectif est né ce monologue sous la dictée à l’adulte, en plusieurs étapes.
Ce monologue aurait été irréalisable pour chacun d’entre nous tout seul. »

Ensemble, ils ont construit une œuvre qu’aucun d’entre eux n’aurait pu créer seul. Un bel exemple de solidarité, d’entraide, mais aussi de fierté. Ils ont incarné leur texte sur scène, fiers du travail fourni tout au long de cette année scolaire. Ils ont joué leur scène comme des professionnels, et ont été récompensés par les applaudissements du public.

Lancez votre classe dans le concours Les Petits Molières, individuellement ou en groupe !

Quand l’inclusion devient visible

Cette mise en voix a permis de montrer que l’inclusion n’est pas un concept abstrait, un grand mot vide de sens. L’inclusion, c’est la prise en compte des besoins de chacun, mais surtout des forces pour construire ensemble.

En ULIS, les élèves sont accompagnés par des enseignants spécialisés, des AESH. Trop souvent invisibles, isolés, ce 5 juin ils ont été au centre, écoutés par tous.

Ils ont produit un texte fort, construit, émouvant, et l’ont présenté en direct à plus de 1600 personnes. La salle, émue et impressionnée, a retenu son souffle. Puis elle a applaudi, longuement, debout.

« Le savoir ne devrait jamais être une contrainte, mais une chance.
Parce que chaque élève mérite un endroit où il se sent bien et où il peut s’épanouir. »

Ce message, c’est celui des élèves eux-mêmes, c’est leur voix portée haut et fort.

Et cette voix a trouvé un écho. Les retours sont sans équivoque : « C’est magnifique. » « Ils sont incroyables. » « On devrait leur faire une place plus grande. »

Un impact durable

Après la cérémonie, des enseignants ont confié qu’ils avaient redécouvert leurs élèves. Des familles ont remercié l’équipe pour avoir donné à leur enfant l’occasion de briller. Certains enfants ont demandé :

« On recommence l’année prochaine ? »

D’autres sont déjà repartis avec des idées pour écrire un nouveau texte, inventer une nouvelle histoire, monter une nouvelle pièce.

Certains enseignants, émus, ont décidé de prolonger l’expérience en classe. Pourquoi ne pas mettre en place un atelier d’écriture chaque semaine ? Écrire un journal collectif ? Pourquoi ne pas croire, vraiment, que chacun a une parole à offrir ?

Les Petits Molières montrent que les mots ouvrent des portes, qu’ils donnent confiance, qu’ils permettent de penser différemment, de mieux se comprendre, et de créer et écrire ensemble.

Mais ce concours d’écriture n’est que le reflet de ses participants, et ce qu’ils ont apporté à la cérémonie est immense : de l’humour, de la sensibilité, du courage, et beaucoup d’humanité.

Ils nous rappellent une chose essentielle : tout le monde peut écrire, rêver, créer. À condition qu’on lui laisse une place et qu’on l’écoute.

L’ambition des Petits Molières est bien de faire de la place pour chacun. Faire en sorte que chacun sache que sa voix est importante, et comme dirait Marie-Aude Murail : « Si vous continuez à écrire, alors on continuera à vous lire. ».

Ne jamais s’arrêter de dénoncer, de s’indigner, de rêver un monde conçu pour tous par chacun.

Ces articles pourraient vous intéresser :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.