Enseignante depuis 6 ans, je me souviens, suite à l’obtention de mon concours, avoir commencé mon année en tant que professeure des écoles stagiaire en suivant scrupuleusement les guides pédagogiques des diverses méthodes qui se trouvaient dans ma classe de CM2. Travailler la grammaire de façon ludique n’était pas une de mes préoccupations.
C’est après une première « visite conseil » que tout s’est bousculé dans ma tête. Durant l’entretien, la conseillère a mis en évidence le fait que bien que mes élèves étaient au travail, ils ne semblaient motivés que par le fait de satisfaire les attentes de leur maîtresse et non par le fait d’apprendre réellement. Ces paroles firent l’effet d’un électrochoc dans ma tête. C’est à partir de ce moment-là que j’ai commencé à modifier totalement ma façon d’enseigner. Dans l’optique de motiver mes élèves et de leur offrir un enseignement au plus proche de leurs besoins, j’ai progressivement glissé vers la classe flexible mais surtout vers l’enseignement par le jeu, et j’ai commencé cette transition par mes deux disciplines de prédilection : la grammaire et la conjugaison.
Par la suite, je suis passée par le double niveau (CP-CE1) et cette année j’enseigne en CE2. J’ai donc toujours gardé cet objectif constant : motiver les élèves et les impliquer au maximum dans leurs apprentissages.
Qu’est-ce que la grammaire ?
Dans l’ouvrage « 100 idées pour enseigner la grammaire autrement », Brigitte Mahillon et France Tillieu définissent la grammaire comme « l’ensemble des outils inventés par les humains pour qu’ils puissent organiser leur pensée et communiquer entre eux ». Bien avant d’apprendre la grammaire à l’école, les enfants l’utilisent au fur et à mesure qu’ils grandissent.
Elles y distinguent trois approches différentes de la grammaire :
- le point de vue du fonctionnement oral et écrit : la grammaire linguistique.
- le point de vue du sens : la grammaire sémantique.
- le point de vue du code de l’écrit : la grammaire orthographique.
Ces trois approches, nous les abordons toutes avec nos élèves, que ce soit lors de nos séances de grammaire, ou bien lors de projets transversaux qui font appel à ce que les élèves savent des règles de grammaire.
Cependant, dans certains pays, la grammaire n’est pas enseignée en classe. La langue française comportant de nombreuses règles d’orthographe, il semble important que les élèves apprennent la grammaire à l’école. Mais ce travail peut être fastidieux et ne pas être très motivant pour nos petits élèves.
Idées et activités pour travailler la grammaire de façon ludique
Je vous présente aujourd’hui quelques activités et astuces que j’ai mises en place ces dernières années dans mes diverses classes pour rendre l’apprentissage de la grammaire plus ludique.
Associer des figures aux différentes natures de mots
Le concept de « personnalisation » des natures de mots est bien connu en grammaire. On retrouve cette idée dans la méthode « Réussir en Grammaire » des éditions Retz mais aussi dans la « Méthode Heuristique de Français » des éditions Nathan par exemple. J’ai successivement utilisé ces deux méthodes et j’ai donc également utilisé les figurines proposées par ces dernières. En plus de leur dimension affective, elles permettent d’associer une image à une nature et donc facilitent, à mon sens, la mémorisation des différentes natures de mots.
Lorsque j’enseignais en CP-CE1, j’ai commencé l’initiation à la grammaire avec mes élèves de CP grâce à la grammaire Montessori. Je me suis procurée un petit coffret contenant les différents symboles Montessori (que l’on peut également imprimer) et les élèves ont donc découvert, par petits groupes en atelier, le nom, le déterminant, l’adjectif, le pronom personnel et le verbe grâce à ces symboles. J’ai ainsi créé de petites cartes (que je partage sur mon blog) à utiliser en atelier en lien avec les différentes natures étudiées.
Enseigner la grammaire en atelier par petits groupes en variant écrit et manipulation
Après avoir été titularisée, j’ai donc décidé de continuer sur ma lancée et je me suis lancée dans la mise en place d’ateliers de français. J’ai donc divisé ma classe en petits groupes de différentes façons :
- En CP/CE1 : 1 groupe de CP (8 élèves) et 3 groupes de CE1 (6 élèves)
- En CM2 : 3 groupes (1 groupe de 10 élèves et 2 groupes de 9 élèves)
- En CE2 : 3 groupes (1 groupe de 10 élèves, 1 groupe de 9 élèves et 1 groupe de 8 élèves)
Durant un créneau d’une heure, les élèves tournent sur 3 ateliers de 20 minutes chacun autour de la notion étudiée : un atelier dirigé avec moi et deux ateliers en autonomie.
L’atelier dirigé est toujours consacré à la découverte de la notion et à son approfondissement, il peut s’agir d’activités de manipulation (comme des cartes à pinces par exemple), d’entrainements sur l’ardoise, ou d’exercices à l’écrit dans le cahier du jour.
Concernant les ateliers autonomes, ils sont toujours constitués d’activités que les élèves peuvent faire seuls. Il s’agit souvent de révisions de notions, de jeux déjà vus, ou de jeux de plateau préalablement vus en atelier dirigé.
Plusieurs méthodes pour travailler la langue
Si vous avez un peu de budget de classe, plusieurs méthodes d’étude de la langue proposent des séances d’apprentissage en ateliers clé en main, comme la Méthode Heuristique de Français des éditions Nathan ou Les Pochettes Ateliers des éditions Hachette Education ainsi que des boîtes de jeux contenant tout le matériel nécessaire à leur mise en place. Cela constitue un bon investissement et permet d’avoir du matériel de qualité pour agrémenter les ateliers.
Si, comme beaucoup d’entre nous, votre budget de classe ne vous permet pas ce genre d’investissement, pas de panique, il existe de nombreuses/nombreux enseignant(e)s, dont je fais partie, qui partagent gratuitement leurs activités de manipulation sur leurs blogs.
Proposer des jeux de plateau pour s’entrainer sur les différentes notions de grammaire
Pour rendre l’apprentissage de la grammaire ludique quoi de mieux que des jeux de plateaux ?
C’est l’activité ludique par excellence et dont mes élèves raffolent pour ne rien vous cacher ! J’ai d’ailleurs depuis deux ans décidé de créer mes propres jeux de plateau pour agrémenter mes ateliers.
En voici un exemple juste ici, « Bienvenue au Cirqu’à Nom » est un jeu permettant de travailler sur le nom et ses différents aspects (nom propre, nom commun, l’accord en genre et en nombre, et savoir repérer le nom dans un groupe nominal).
Passer par le jeu de plateau permet aux élèves d’apprendre tout en s’amusant et surtout sans s’en rendre compte ! Eux-mêmes me le disent très souvent, ils ont l’impression de mieux retenir en jouant. C’est d’ailleurs ce que j’ai pu constater ces dernières années, de nombreuses notions s’impriment mieux quand on joue.
Installer en classe des ateliers de jeux peut parfois effrayer compte tenu du niveau sonore qu’ils peuvent engendrer. Ce n’est que mon expérience mais en 3 ans, je n’ai eu à stopper un atelier que deux fois à cause du bruit que faisaient les élèves. C’est un travail qui commence dès la première période de l’année : instaurer un volume sonore maximum à ne pas dépasser, faire comprendre aux élèves qu’ils doivent chuchoter… Chaque classe est différente, et cela ne fonctionnera jamais de la même façon partout ! Je pense qu’il faut se faire confiance, tenter, et adapter au fur et à mesure en fonction de nos élèves… Et si ça ne fonctionne pas, rien n’empêche d’utiliser les jeux de plateau en atelier dirigé pour être maître du volume sonore.
Passer par la production d’écrit pour réinvestir les notions à l’aide de projets d’écriture
Une dernière astuce que j’utilise dans ma classe pour enseigner la grammaire de façon ludique est de passer par la production d’écrit. Que ce soit pour la rédaction d’un journal de classe, de correspondance avec d’autres élèves, d’invention d’histoires…etc la production d’écrit permet réellement de réinvestir les règles de grammaire apprises et de les structurer. En partant de leurs écrits, les élèves peuvent avoir un regard distancié sur leur production et, avec l’aide de l’adulte, faire des liens entre les différentes règles apprises.
Cette année, mes élèves ont accès à Plume, et ont commencé à rédiger leurs histoires depuis le début du mois de Janvier. C’est un vrai plus pour eux et pour moi car nous allions ainsi production d’écrit, grammaire, orthographe et outil numérique (l’ordinateur dans notre cas).
Pour finir
Ce partage d’idées et d’astuces n’a pas vocation à vous dire qu’il s’agit de LA méthode miracle pour motiver les élèves, ni qu’il n’y a qu’une façon d’enseigner la grammaire qui le permette, ce sont simplement des idées de ce qui fonctionne dans ma classe. J’ai évidemment testé de nombreuses méthodes et de nombreux fonctionnements pour trouver ce qui me conviendrait le mieux et ce qui conviendrait le mieux à mes élèves. Ce fonctionnement n’est pas figé et évolue chaque année en fonction des besoins de mes élèves, mais je ne reviendrai en arrière pour rien au monde.
Depuis que j’ai instauré l’apprentissage par le jeu, le climat de classe est serein. Les élèves sont motivés pour apprendre et travaillent sans que je sois obligée d’être sur leur dos tout le temps. Je suis moi-même bien plus détendue. Un vrai lien peut se créer avec eux. Je ne vous cache pas que c’est réellement agréable de les voir progresser tout au long de l’année et en avoir conscience !
Merci à Clara pour cet article ! Retrouvez-la sur Instagram, Facebook et sur son blog.
Vous souhaitez aller plus loin ? Ces articles peuvent vous intéresser :
- L’apprentissage par cœur : les avantages et les inconvénients
- Comment faire évoluer la production d’écrit des élèves ?
- 3 idées pour enseigner la grammaire de façon ludique
Difficultés en écriture : les stratégies pour aider vos élèves
La fluence qu’est-ce que c’est et comment s’en servir pour enseigner ?
Classe flexible : qu’est ce que c’est et comment se lancer ?
Faut-il donner des devoirs à la maison ?
Territoires Numériques Éducatifs (TNE) : utilisez gratuitement Plume et Lalilo
Témoignage de Stéphanie, professeure des écoles en CE1-CE2 et ambassadrice Plume