Gérer une classe multi-niveaux n’est pas chose facile ! Chaque fin d’année, s’opère le rituel des répartitions de classe. Vous sortez votre fameux tableau Réparticlass et entrez alors dans un marathon pour trouver LA combinaison qui permettra aux élèves de progresser dans les meilleures conditions possibles.
Si les effectifs s’accordent avec le nombre d’enseignants, il arrive que toutes les classes soient composées d’un niveau simple. Celui-ci n’implique d’ailleurs en aucun cas une configuration plus simple, puisqu’il y a fort à parier que les besoins seront hétérogènes au sein d’un même groupe classe.
Cependant, dans de nombreux cas, vous vous trouvez face à une répartition des effectifs qui sera la source de bien des maux de tête et de discussions enflammées le midi entre collègues. Ce faisant, l’année s’achève avec une composition validée par votre IEN et arrive le moment où vous devez vous projeter dans votre future classe avec des élèves de deux, trois, voire quatre niveaux différents.
Il faut savoir que de plus en plus de classes multi-niveaux constituent un choix délibéré de l’équipe pédagogique, notamment les classes de cycle (CP-CE1-CE2 ou CM1-CM2). Nous allons voir que cette configuration présente de nombreux avantages pédagogiques.
Niveaux successifs ou combinaison atypique ?
Souvent les classes multi-niveaux sont constituées de niveaux successifs (CE1-CE2, CE2-CM1-CM2…). Dans ce cas, la différenciation se fait assez naturellement en proposant des séances communes avec autant de niveaux de difficulté que l’enseignant l’estime nécessaire.
Seule exception à cette règle tacite, la fameuse classe de CP-CE1 qui donne bien des migraines aux jeunes titulaires de cette classe. Elle fait d’ailleurs l’objet de son propre article dans lequel vous trouverez des conseils spécifiques à ce double niveau.
Il arrive parfois que le jeu des répartitions amène les équipes pédagogiques à constituer des combinaisons bien plus atypiques. C’est ainsi que vous pouvez vous trouver par exemple dans une classe de CE2-CM2 ou de CE1-CM1. Le premier réflexe est de se dire que les niveaux diffèrent tellement qu’il est difficile d’y trouver des points communs, surtout lorsque les niveaux sont sur deux cycles. Cela dit, pourquoi ne pas envisager la question sous un autre angle ?
Les plus âgés sont plus autonomes et vous pouvez en faire une force, un point d’appui. En effet, ils peuvent être responsabilisés et devenir tuteurs des plus jeunes. Cela vous permet aussi de mener des projets pluridisciplinaires qui nécessitent un large panel de compétences, tels qu’un spectacle ou une exposition.
Le tutorat en classe multi-niveaux
En théorie, le tutorat est un dispositif pédagogique qui permet à un élève tutoré (plus jeune ou en difficulté) d’être accompagné par un élève tuteur (plus âgé ou plus compétent sur la tâche travaillée). De son côté, en accompagnant l’élève tutoré, le tuteur renforce ses compétences par l’étayage qu’il apporte à son camarade.
Cependant, il est indispensable de prendre du temps en amont pour en définir les contours : expliciter en quoi il consiste, quelles sont vos attentes et comment il s’organise. Souhaitez-vous associer deux élèves ou ont-ils le choix de leur partenaire ? Les groupes restent-ils les mêmes sur une durée fixe ou changent-ils en fonction des activités ? Chacun s’est-il bien approprié son rôle dans l’équipe ou ont-ils encore besoin de modélisation avant de les laisser en autonomie ?
L’hétérogénéité en classe multi-niveaux
Dans les classes multi-niveaux, les élèves fragiles des niveaux supérieurs ont la possibilité de retravailler des compétences pour lesquelles ils ont besoin d’un étayage fort (semblable à celui que vous proposez aux élèves des niveaux inférieurs). Par exemple, un élève de CM2 qui n’est pas encore passé à l’abstraction de la multiplication peut bénéficier de la séance découverte des CE1 pour manipuler et renforcer les compétences lacunaires. Il peut être placé en tuteur et expliciter la notion à ses camarades lors d’un travail d’appropriation. Cela lui permettra de consolider par le langage et la manipulation les connaissances nécessaires au passage à l’abstraction qu’il n’a pas encore acquises. Le rôle modélisant qu’il a aux yeux de ses pairs peut de plus l’aider à prendre confiance en ses capacités à dépasser des difficultés. Quant aux élèves de CE1, ils peuvent construire cette compétence dans un cadre rassurant, hors du regard de l’adulte.
Les décloisonnements en classe multi-niveaux
Suivant la configuration de l’école, des décloisonnements peuvent également être mis en place sur des créneaux horaires réguliers. Dans une classe multi-cycle se pose régulièrement la question de l’articulation des champs disciplinaires “Questionner le monde” (cycle 2) avec “Histoire – géographie – sciences” (cycle 3). Il n’est pas forcément évident d’articuler les thèmes abordés dans ces domaines. Si les effectifs le permettent, il est possible d’envisager d’échanger temporairement une partie de sa classe avec un collègue pour constituer des groupes de niveau ou de cycle. Par exemple, vos CE1 restent avec vous et sont rejoints par les CE2 de votre collègue, tandis que celui-ci accueille vos CM2 avec ses CM1 le temps d’une séance.
L’aménagement des classes multi-niveaux
Les choix que vous faites dans l’aménagement de l’espace ont également un impact sur votre quotidien.
Si vous menez toutes vos séances collectivement, pourquoi ne pas mélanger les élèves des différents niveaux pour encourager le tutorat ? La différenciation s’opère alors simplement à la distribution des supports ou lors de la passation des consignes. Cette configuration fonctionne également très bien si vous utilisez des systèmes d’individualisation des parcours comme les ceintures de compétences, les ateliers autonomes ou encore les plans de travail.
Lorsque les élèves sont regroupés par niveau de classe, la répartition des tâches se fait plus rapidement. Dans le cas d’une classe à double niveau, un groupe va par exemple travailler en autonomie sur des exercices d’entraînement pendant que vous menez une séance de production d’écrits avec l’autre groupe. Dans ce cas, vous pouvez anticiper la sérénité du dispositif. Pour cela, assurez-vous en amont que les élèves du groupe en autonomie disposent de tous les éléments nécessaires à la réussite de leur travail, des outils d’aide et de validation, et qu’ils sachent quoi faire s’ils ont terminé avant vous.
Enfin, nous ne pouvons pas évoquer l’aménagement de classe sans évoquer la classe flexible. Cette organisation propose différentes surfaces de travail et différents types d’assises aux élèves. Ils peuvent changer de place selon leur envie, pour trouver celle qui leur permettra d’être le plus confortable et le plus concentré possible. Cette organisation est donc totalement adaptée aux classes multi-niveaux. Découvrez notre article pour en savoir plus sur la classe flexible.
Équipement et outils numériques
Lorsqu’on aborde la question délicate de l’autonomie d’un groupe, les enseignants se heurtent souvent à des difficultés d’organisation. Certains élèves finissent rapidement. D’autres bavardent et s’agitent parce qu’ils sont bloqués et ne savent pas comment faire, l’un d’eux vous interrompt… Ces dysfonctionnements ne vous permettent pas d’enseigner librement au groupe avec lequel vous aviez prévu de travailler.
Heureusement, il existe aujourd’hui une variété d’outils numériques. Ceux-ci permettent aux élèves de travailler des compétences précises adaptées à leur niveau. En toute autonomie sur une tablette ou un ordinateur. Quel que soit leur niveau, vos élèves peuvent travailler la production d’écrits sur Plume, en autonomie. Ils peuvent relire et écouter le chapitre en cours. Ou se familiariser avec le clavier en copiant leur production d’écrit sur Plume. Les plus rapides peuvent également faire les jeux ludo-éducatifs du dojo, ou bien des petits défis d’écriture.
Quelle que soit l’activité sur laquelle vous souhaitez les mettre en autonomie, il existe un panel de solutions numériques. Plume pour la production d’écrits, Lalilo pour progresser à leur rythme en lecture, etc. Les élèves ont aujourd’hui accès à un bel éventail d’outils numériques. Ceux-ci sont construits dans le respect des programmes et des normes RGPD. Ils peuvent ainsi s’entraîner et progresser dans un cadre sécurisé.
Pour toutes les configurations de classe
Enfin, quelle que soit la configuration de votre classe multi-niveaux, c’est en identifiant vos besoins et les dispositifs qui vous conviennent le mieux que vous trouverez les premiers éléments de réponse. Un dispositif qui fonctionne dans une classe ne fonctionnera pas aussi efficacement dans une autre. Enseigner, c’est l’art de faire des choix éclairés. Ceux-ci doivent prendre en compte le niveau des élèves, l’équipement de la classe… Mais aussi et avant tout le profil de vos élèves et vos affinités pédagogiques.
Pour approfondir le sujet, découvre également notre article « 5 avantages à enseigner en classe multi-niveaux ».
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