Enseigner le vocabulaire aux élèves de primaire n’est pas chose aisée ! Quelle que soit la langue, le vocabulaire est nécessaire pour pouvoir communiquer. Il permet de mettre des mots sur des idées ou concepts, et de communiquer de façon précise et efficace, sur notre pensée, nos envies, nos émotions et nos besoins. Le vocabulaire fait donc partie des éléments enseignés, au même titre que la grammaire ou l’orthographe.
À la maison comme à l’école, les enfants entendent chaque jour de nouveaux mots. Leur cerveau est une véritable éponge, mais entendre ces mots ne suffit pas à se les approprier. Une phase d’apprentissage est nécessaire : c’est pourquoi les programmes préconisent en primaire, des leçons de vocabulaire dédiées.
Enseigner le vocabulaire en classe de primaire
Le lexique ou le vocabulaire ?
Myriam Bouvier-Chabert, autrice de la thèse « L’acquisition du vocabulaire au cycle 3 », définit le lexique et le vocabulaire ainsi :
- Le lexique est l’ensemble des mots qui constituent une langue.
- Le vocabulaire est l’ensemble des mots employés par une personne.
Dans le langage courant, il y a souvent une confusion entre les deux termes. Un enfant a cependant besoin du vocabulaire – c’est-à-dire des mots qu’il utilisera réellement – et non pas de connaître l’ensemble du lexique français. C’est donc bien le vocabulaire qui est enseigné, et non le lexique.
Au sein du vocabulaire, Charmeux (2014) différencie trois notions :
- le vocabulaire actif : celui qui est compris et produit par un individu ;
- le vocabulaire passif : celui qui est compris mais non utilisé ;
- et celui qui est encore inconnu.
L’apprentissage suit donc généralement la progression suivante : mot inconnu, mot appartenant au vocabulaire passif, puis actif. Tous les mots de vocabulaire n’auront pas la même facilité d’apprentissage, selon leur fréquence d’utilisation et leur complexité (de sens, de forme, de prononciation, etc.)
L’importance du vocabulaire
Le vocabulaire permet d’appréhender le monde extérieur et de communiquer : plus on le maîtrise, mieux on peut exprimer sa pensée aux autres avec précision et se faire comprendre. Il est donc vecteur d’une bonne communication. Voici d’ailleurs ce qu’en dit linguiste français Alain Bentolila : « lorsque les mots précis manquent aux élèves c’est le sens qu’ils tentent de donner au monde qui s’obscurcit ». Un élève qui n’a pas suffisamment de mots pour exprimer sa pensée et communiquer avec les autres, peut donc se sentir démuni et seul.
Également, il faut distinguer le vocabulaire familier de celui plus soutenu de l’école. Dans le cadre privé, les élèves utilisent des expressions familières ( ex : « C’est ouf ! »), tandis qu’en classe, on les encourage à adopter des mots du registre courant qu’ils ne maîtrisent pas forcément. Cela bloquera leur communication.
Le vocabulaire n’est pas seulement nécessaire pour écrire, mais aussi pour lire et comprendre un texte. Si les mots inconnus dans un texte sont minoritaires, les élèves peuvent les comprendre grâce au contexte. La lecture permet ainsi d’apprendre de nouveaux mots. Néanmoins, si trop de mots sont inconnus pour l’élève, il ne comprendra pas le texte. C’est pourquoi sur Plume, lors de la phase de lecture des histoires à coécrire, nous mettons les définitions des mots les plus compliqués, sous forme de synonymes. L’enfant a aussi accès à un imagier pour de nombreux mots.
Enfin, les mots sont un vecteur de réussite scolaire, car ils sont utilisés aussi dans les autres disciplines, tout au long d’une scolarité et même plus tard, dans la vie professionnelle, pour communiquer. D’où l’importance de l’école, qui a pour objectif de réduire les inégalités – et notamment les écarts linguistiques grâce à l’apprentissage du vocabulaire – entre les élèves.
La place du vocabulaire dans les programmes de l’école primaire
Les attentes du programme
Pour développer le vocabulaire des élèves en classe, il nous faut tout d’abord nous intéresser aux attentes du programme.
On remarque que pendant longtemps, l’enseignement du vocabulaire a été délaissé – souvent au profit de la grammaire – car il était perçu comme une liste de mots à apprendre. Pourtant, les recherches linguistiques ont prouvé que le vocabulaire structurait autant la pensée et l’expression que la grammaire.
Les programmes ont donc pris en compte ces études et ont redonné sa véritable place au vocabulaire. Dans la BO du 19 juin 2008, le langage est mis en avant dès la maternelle, à l’oral, avec pour objectifs la communication et l’appropriation progressive de nouveaux mots à l’oral, grâce à des activités de classe.
Au cycle 2, l’introduction de l’écrit poursuit le travail de la maternelle. Les programmes préconisent des activités qui permettent de structurer le vocabulaire, de classer les mots selon leur sens (synonymes, antonymes, etc.) et de découvrir les liens entre eux. Le vocabulaire étudié est sur des notions concrètes mais aussi abstraites, pour permettre aux élèves de communiquer leurs opinions et leurs émotions.
Au cycle 3, le vocabulaire est étudié avec un support textuel. Le dictionnaire fait partie des outils utilisés en classe. On travaille la polysémie des mots, leur formation et les registres de langue. La syntaxe est étudiée en même temps que le vocabulaire pour apprendre aux élèves à utiliser ces nouveaux mots.
Les choix pédagogiques et le rôle modèle de l’enseignant
- Tout d’abord, le rôle de l’enseignant est de choisir des textes pour que les élèves découvrent des nouveaux mots. Les œuvres choisies doivent être de qualité et prendre en compte le niveau de langue, la justesse syntaxique et la précision lexicale.
- Le vocabulaire peut être acquis dans tous les différents domaines et activités de l’école, comme le soulignent les programmes de 2008. Cela permet aux élèves d’acquérir du vocabulaire spécifique à un domaine ou à une thématique.
- Enfin, les élèves apprennent aussi le langage par imitation. L’enseignant doit donc être un modèle de langage pour les élèves. S’exprimer avec un vocabulaire précis, clair et adapté.
Enseigner le vocabulaire grâce à l’implicite et à la contextualisation
L’apprentissage implicite / l’apprentissage explicite
Dans « Le vocabulaire et son enseignement, Des outils pour structurer l’apprentissage du vocabulaire », Micheline Cellier explique que « l’acquisition des mots en classe est souvent de l’ordre de l’apprentissage implicite ». On entend par « implicite » les situations de lecture, les activités ou projets, etc. Si l’apprentissage explicite du vocabulaire est primordial, l’apprentissage implicite ne doit pas être mis de côté car il permet de retenir des mots assez facilement pour l’enfant, comme ils sont contextualisés.
Cependant, les mots qui viennent de l’apprentissage implicite sont parfois abondants : s’ils ne sont pas répétés, les élèves auront vite fait de les oublier. L’enseignant doit donc faire le tri et sélectionner les mots à retenir, puis revenir dessus avec les élèves pour qu’ils puissent les retenir et avoir l’occasion de les utiliser.
L’apprentissage par la contextualisation
Comme nous l’avons vu, une forte contextualisation du mot pourra aussi aider l’enfant à le mémoriser.
De plus, la mémoire retient mieux une information quand elle est reliée à d’autres ou à un savoir existant. La catégorisation du mot et la mise en relation (par exemple avec des synonymes ou l’expérience de l’enfant) permettront aussi d’aider l’enfant à le retenir.
Enfin, pour que vos élèves mémorisent les mots, rien ne vaut la répétition des rencontres de ces mots. Les mots doivent être rencontrés de nombreuses fois (entre 7 à 10 fois) avant d’être considérés comme faisant partie du répertoire lexical de l’élève. Plus ils seront exposés à ce mot, que ce soit parce qu’ils l’entendent, le lisent, ou doivent l’utiliser dans un écrit, plus ils seront familiers avec, sauront comment l’utiliser et donc le retiendront.
Sur Plume, les élèves vont retrouver des mots nouveaux plusieurs fois dans les textes qu’ils vont lire, avec à chaque fois la définition sous forme de synonyme. Au moment de l’écriture, une banque de mots leur est proposée pour leur écrit. Une fois le chapitre terminé, ils débloquent des mini-jeux qui leur permettent de retravailler le champ lexical rencontré dans le texte lors de la lecture. Ils peuvent également retrouver les mêmes mots dans les chapitres suivants.
Comment enseigner le vocabulaire dans ma classe ?
La lecture :
C’est le meilleur moyen d’exposer les enfants à de nouveaux mots. Le contexte leur permettra en plus de mieux comprendre la signification des mots, et donc de les retenir. Vous pouvez lire des histoires, des articles ou même des poèmes à vos élèves. Demandez-leur de vous dire ce qu’ils ont compris et de vous donner leur propre interprétation des mots qu’ils ont entendus. Sur Plume, vos élèves pourront découvrir de nombreux mots, dans des contextes différents.
Les images et les contextes :
les enfants apprennent mieux lorsqu’ils peuvent visualiser ce qu’on leur dit. Utilisez donc des images et des contextes concrets pour illustrer de nouveaux mots. Sur Plume, les élèves ont accès à un imagier.
Des productions utiles :
Proposez à vos élèves des productions orales ou écrites qui leur seront utiles, en les liant à la vie de classe. Cela peut être des exposés, des comptes rendus d’expérience, etc. Vous pourrez ainsi les accompagner en leur apportant le vocabulaire qui leur manque. Le vocabulaire appris au cours de cet exercice répondra ainsi à un besoin de l’élève, pour qu’il puisse s’exprimer sur un sujet au cœur de la vie de la classe (que ce soit à l’oral ou à l’écrit). Il le retiendra donc bien mieux !
Les jeux de mots :
Les jeux de mots peuvent être un moyen amusant d’apprendre de nouveaux mots. Vous pouvez jouer à des jeux de devinettes, à des charades ou à des mots croisés. Les enfants adorent ce genre d’activités et cela leur permet de s’exercer à utiliser leur vocabulaire de manière créative. Dans l’espace Dojo de Plume, vos élèves retrouveront des mini-jeux ludo-éducatifs autour notamment du champ lexical.
Encourager la conversation :
Encourager la conversation et les discussions en classe peut aider les enfants à développer leur vocabulaire. Posez des questions ouvertes et encouragez-les à s’exprimer librement sur des sujets qui les intéressent. Cela leur donnera l’opportunité d’utiliser de nouveaux mots et de les mettre en pratique dans un contexte de communication réel.
Faire des supports de vocabulaire :
Vous pouvez également créer des supports de vocabulaire pour aider les enfants à mémoriser de nouveaux mots.
Utiliser le mot du jour sur Plume :
Chaque jour, les élèves peuvent écrire librement autour d’un mot. Ils ont accès si besoin à la définition du mot et gardent l’historique de tous les mots sur lesquels ils ont écrit.
Enseigner le vocabulaire : développer l’usage
Une fois que les élèves ont mémorisé les mots, il faut les accompagner dans l’usage de ces mots.
Les contextes d’usage
L’enseignant peut donc expliquer et montrer les différents contextes dans lesquels un mot peut être utilisé. Cela sera encore plus nécessaire avec des mots polysémiques.
L’écriture est reconnue comme étant un puissant activateur de la mémoire : vous pouvez donc leur demander d’écrire à partir de la banque de mots que vous souhaitez les voir utiliser. Vous vous rendrez rapidement compte, en les lisant, s’ils ont utilisé les mots correctement ou s’il est nécessaire de contextualiser à nouveau son usage !
Cette méthode de l’écriture est d’ailleurs utilisée sur Plume. Dans les histoires à coécrire comme dans les défis, l’oiseau de Plume donne aux élèves une banque de mots d’un même champ lexical, en rapport avec le contexte d’écriture, et qu’ils peuvent utiliser à leur guise pour répondre à la mission d’écriture.
Le rythme d’acquisition
Autre facteur important dans la mémorisation d’un mot : le rythme d’acquisition. Il y a la mémoire à court terme et celle à long terme. L’objectif est que les élèves mémorisent les mots à long terme. Il vaut donc mieux répartir l’apprentissage sur un temps long, pour consolider la mémorisation dans le temps. Vous pouvez mettre en place des productions orales, écrites, des exercices, ou même des rappels ludiques avec des jeux. Cela obligera les élèves à récupérer les mots dans leur mémoire. Plus ils le feront, plus ils stockeront durablement ces mots.
En mettant en place ces stratégies, vous pouvez aider les élèves de primaire à améliorer leur vocabulaire. Et cela de manière ludique et interactive. N’oubliez pas qu’enseigner le vocabulaire est un processus continu et que la pratique régulière est la clé de la réussite.
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