Tendances et éducation

Évaluer l’expression écrite autrement

L’évaluation de l’expression écrite est une partie importante du processus éducatif. Elle aide les enseignants à évaluer les progrès des élèves et la production d’écrits. Cependant, les méthodes traditionnelles d’évaluation de l’expression écrite peuvent être limitées dans leur efficacité, en particulier à l’école primaire. Elles reposent souvent sur une seule métrique telle que la grammaire ou l’orthographe de l’écrit final. Il est donc important d’évaluer différemment l’expression écrite afin d’avoir une évaluation plus juste des capacités et des progrès des élèves. Mais comment faire ?

La question de l’évaluation de la production d’écrits

L’importance de l’expression écrite

En primaire, au collège et même plus tard dans les études, les élèves doivent normalement travailler la production d’écrits en français. Quand on parle de production d’écrits, il ne s’agit donc pas de répondre à une question ou de dictée. Cela peut être des écrits très courts (écrire autour d’un mot, faire des joggings d’écriture, etc.) ou longs (écrire la suite d’une histoire, etc.)

La production d’écrits se fait dès le CP, comme le souligne le Bulletin officiel de l’Éducation nationale du 19 juin 2008 : « les élèves apprennent à rédiger de manière autonome un texte court ». Il précise que les élèves doivent pouvoir écrire de façon autonome, un texte de 5 à 10 lignes.

Ce n’est qu’au cycle 3 qu’on commence cependant à parler de rédaction : « les élèves apprennent à narrer des faits réels, à décrire, à expliquer une démarche, à justifier une réponse, à inventer des histoires, à résumer des récits, à écrire un poème ».

La notion de production d’écrit est donc liée à celle d’autonomie : l’enfant doit pouvoir produire un écrit plus ou moins long, de façon autonome. Cette notion d’autonomie, elle est au cœur de Plume, qui a pour mission d’accompagner dans l’autonomie tous les enfants, quel que soit leur parcours scolaire, leurs fragilités et leurs forces. C’est pourquoi Plume met aussi en avant la différenciation, grâce notamment à des fonctionnalités soutien. L’autonomie dans l’écriture construit l’élévation de la pensée et le développement de l’enfant. C’est la raison d’être de Plume et une certitude scientifique.

Évaluer l’écrit ?

« Savoir écrire » implique donc une somme de connaissances langagières, et une série de savoir-faire.

Plusieurs éléments peuvent être mobilisés pour définir les compétences liées à l’écriture. La recherche plus récente fait généralement intervenir trois caractéristiques¹, que Michel Canazzi cite aussi dans son étude² :

  • La fluidité : elle porte sur différents aspects de la production et désigne la profusion des productions qui découlent de la démarche créative. Elle désigne aussi la richesse de l’expression et le nombre de « trouvailles » du sujet.
  • La flexibilité : il s’agit de « l’aisance plus ou moins grande à changer de domaine, à solliciter des éléments réputés éloignés de la catégorie de départ ». C’est la « souplesse d’esprit ».
  • L’originalité : « elle désigne le caractère inventif, inattendu, astucieux, d’un élément, et/ou de sa présentation. C’est probablement le jugement sur l’originalité qui fait le plus intervenir la subjectivité. »

Ces trois critères peuvent donc servir de fondations à des critères d’évaluation.

Comme le souligne Michel Canazzi, « l’évaluation implique un certain nombre d’attentes, posées généralement par l’institution scolaire. Ces attentes sont conçues comme un idéal de ce que devrait avoir acquis l’élève à l’issue de l’enseignement qui lui a été donné, en termes de savoirs et de compétences.

Pour évaluer, l’enseignant devra donc observer l’écart entre cet idéal et la réalité de l’élève, exprimée par sa copie.

Évaluation normative, sommative ou formative ?

Évaluation normative de l’expression écrite

L’évaluation « normative » consiste à évaluer par rapport à une norme, une référence (généralement celle posée par l’institution scolaire). Elle est nécessaire pour l’institution scolaire elle-même car elle en est la garante. Elle se traduit par la note de l’élève (qui représente la valeur de son travail) et son rapport avec la « moyenne » de la classe. Une moyenne autant redoutée par les enfants que par leurs parents, qui souhaitent avant tout que leurs enfants soient au-dessus de la moyenne, ou au moins dedans !

Pourtant, l’évaluation ne devrait pas se faire forcément en étant assortie d’une notation. La note n’est qu’une façon parmi d’autres de dire la valeur. En primaire par exemple, on utilise des annotations : « vu », « assez bien », « bien », « très bien ». Certains enseignants utilisent même des émoticônes ! Et l’évaluation se fait aussi par tous les mots et les phrases de commentaires qui sont laissés par l’enseignant sur la copie de l’élève.

Évaluation sommative de l’expression écrite

Une autre manière d’évaluer est l’évaluation « sommative ». Elle a lieu à la fin d’un apprentissage et permet à l’enseignant de vérifier l’acquisition des compétences du programme sur lesquelles il a fait travailler ses élèves, et qu’il souhaite à présent valider. Avec le LSU (Livret Scolaire Unique), il peut indiquer si la compétence est non évaluable, non atteinte, partiellement atteinte, atteinte, dépassée, etc. Vous retrouvez d’ailleurs ces compétences sur Plume, pour pouvoir évaluer les productions de vos élèves et indiquer les niveaux de compétence !

Évaluation formative de l’expression écrite

Enfin, il y a l’évaluation « formative ». Plutôt qu’une sanction par la note ou une validation par la compétence, elle s’intéresse à la progression de l’étudiant dans son apprentissage. Elle contrôle le déroulement du processus d’apprentissage, pour montrer les acquis, rectifier les erreurs éventuelles et déceler les difficultés rencontrées chez l’élève. Elle peut ainsi accompagner au mieux l’élève pour l’aider à franchir les difficultés rencontrées, et garantir sa progression. Il ne s’agit plus de la simple correction d’une copie par l’enseignant, mais d’une étape d’un apprentissage continu, centré sur les problèmes rencontrés afin de permettre à l’élève de les surmonter.

Comment évaluer l’expression écrite autrement ?

Repenser l’évaluation de l’expression écrite

Comme le souligne Éloise Renoust³, « il n’existe pas d’évaluation neutre et universelle ». L’évaluation ne doit pas seulement être centrée sur les compétences, mais aussi sur « les indicateurs du développement de l’élève en tant que sujet singulier ».

Depuis la rentrée 2016, on souhaite améliorer l’apprentissage des élèves à travers l’évaluation, pour qu’ils puissent identifier leurs acquis et leurs difficultés. Et on valorise les progrès des élèves grâce à une évaluation positive, simple et lisible.

Dominique Bucheton, professeure des Universités en sciences du langage et de l’éducation, voit l’évaluation comme la capacité « à observer et à analyser les productions des élèves, ainsi qu’à comprendre les avancées et les difficultés éventuelles des élèves ». Le travail de l’enseignant consiste donc à s’intéresser au processus d’écriture (et non pas seulement à l’écrit final), pour repérer l’origine des difficultés des élèves.

S’attarder sur le processus d’écriture

Dominique Bucheton propose quatre indicateurs pour évaluer les travaux d’écriture :

  • la quantité : observer le nombre de lignes produit par l’élève donnera une idée de son engagement dans la classe ou dans ses écrits ;
  • la volonté d’épaissir les textes : autrement dit, la qualité. Elle peut se traduire par une syntaxe qui se complexifie, des phrases plus complexes ou mieux construites, du vocabulaire plus adapté ou plus précis, etc.
  • l’énonciation : la capacité de l’élève à adopter un positionnement, à s’affirmer dans ses écrits ;
  • le passage d’une énonciation orale à une énonciation écrite.

Vous remarquerez notamment que les productions des élèves gagnent d’abord en quantité, avant de se réduire au fil des réécritures pour gagner à la place en épaisseur sémantique.

Repenser notre posture d’enseignant

L’évaluation ne peut changer que si les enseignants en changent leur approche. Il faut s’écarter des modèles connus dans lesquels nous avons pu être baignés enfant. Nous avons tous été écoliers et il peut être tentant de reproduire les schémas vécus.

Aujourd’hui, il faut se concentrer sur les élèves en tant qu’individu unique, sans chercher à le faire rentrer dans une norme. C’est ce qu’on appelle aussi la différenciation : le fait d’accompagner chaque élève en s’adaptant à lui et à ses besoins (et non pas l’inverse). Chaque élève est différent, que ce soit au niveau des capacités ou de la façon d’apprendre. C’est pourquoi Plume met aussi la différenciation pédagogique en avant, notamment grâce à des fonctionnalités soutien pour les élèves.

Pour accompagner l’élève et l’aider à développer sa pensée, l’enseignant doit également faire en sorte de multiplier les occasions qui lui permettent de s’exprimer, que ce soit à l’écrit ou à l’oral, seul ou en groupe. Cela va favoriser son apprentissage de la culture et des savoirs.

Enfin, pour pouvoir évaluer non pas la finalité, mais le processus d’écriture, l’enseignant peut mettre en place des espaces et des temps spécifiques dédiés à l’écriture. Il peut définir des créneaux horaires et faire écrire les élèves dans un espace identifié, par exemple un cahier d’écrivain ou un cahier de brouillon. Cet espace va permettre à l’élève d’exprimer librement sa pensée, et à l’enseignant de suivre la progression de ses élèves et de déceler les difficultés rencontrées.

Pour approfondir

Découvrez aussi notre article sur l’usage du cahier de brouillon, 5 raisons d’utiliser Plume en classe et les ceintures de compétences.

Notes :

  1. REUTER, Yves. Enseigner et apprendre à écrire, p 140
  2. Michel Canazzi. L’évaluation des productions écrites et la créativité. Education. 2012. ffdumas00757261ff
  3. Éloise Renoust. Les activités d’écriture autour des haïkus pour développer l’expression poétique chez des élèves de CE2. Education. 2019. ffdumas-02308122f https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-02308122/document

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