“L’égalité entre les filles et les garçons constitue un des objectifs prioritaires du ministère en charge de la politique des droits des femmes et de l’égalité. Cette égalité entre les sexes nécessite un apprentissage dès le plus jeune âge, au quotidien, dans la famille, à l’école, dans les activités de loisir et la lecture des albums jeunesse tient une place de choix dans son développement.” (décembre 2009)
Tour d’horizon de la littérature jeunesse :
La littérature jeunesse est florissante ces dernières années; cela s’est accompagné d’un mouvement de réflexion sur la problématique du sexisme.
Finalement, les études menées sur le sujet ont eu pour effet de rendre les éditeurs plus vigilants. Il n’était plus question d’assigner systématiquement Maman à la vaisselle pendant que Papa lisait le journal -qu’on se souvienne par exemple des vignettes de Boule et Bill qui ont bercé notre enfance; pour un petit florilège des oeuvres sexistes qui ont bercé notre enfance, c’est juste là – …
Des livres clairement positionnés contre le sexisme ont vu le jour, comme ceux de l’éditeur Talents hauts ou À quoi tu joues ?, chez Sarbacane. Cet imagier prend le contre-pied des idées reçues ; les garçons, ça ne fait pas de la danse, les filles, ça ne bricole pas…
Ce qui est pourtant assez alarmant, c’est le retour de livres très genrés avec des princesses pour les filles et des pirates pour les garçons. Un éditeur a même sorti des histoires « pour les garçons » (comprendre des chevaliers valeureux ou des histoires de voitures) et des histoires « pour les filles » (comprendre des princesses fragiles, un peu mièvres et doucerettes). Au secours.
Au delà de la consternation, on peut vraiment s’inquiéter pour « la menace du stéréotype » et les sèmes associés à la docilité, la douceur auxquels on cantonne nos filles.
Heureusement, des livres luttent aussi contre les clichés. Mais, récemment, une cliente de Plume m’a dit : « Non, ça ne va pas, c’est une histoire avec une fille; c’est pour un garçon… Serait-il possible de changer ?”
J’ai répondu poliment que nous avions créé du contenu original et qu’il n’était pas question de changer. Par ailleurs, je ne vois pas de problème à ce que ce petit garçon écrive une histoire dont une petite fille est l’héroïne.
Je suis sûre qu’il côtoie beaucoup de petites filles de son âge à l’école et qu’il ne doute pas du fait qu’elles puissent être au coeur d’aventures -et à ce propos, connaissez-vous notre héroïne qui sauve ce pleutre de Piratouille, héhé ? –
Plus de héros que d’héroïnes :
En considérant l’ensemble des livres francophones publiés en 1997 pour la jeunesse et racontant une histoire inédite, on compte deux fois plus de livres présentant un héros plutôt qu’une héroïne (sources).
Cependant, la nature et l’âge de ces personnages interfèrent dans les écarts obtenus. « L’asymétrie entre les deux sexes est à son apogée dans les histoires anthropomorphiques s’adressant aux tout jeunes enfants (0-3 ans), avec alors dix fois plus de héros que d’héroïnes« .
De manière générale, d’autres asymétries quantitatives sont à noter. Les garçons sont plus souvent les héros de séries d’albums. Ils sont prédominants dans les titres des histoires et ils apparaissent plus souvent sur la page de couverture. De plus, qu’ils tiennent un rôle principal ou qu’ils occupent un rôle secondaire, ils sont surreprésentés dans les illustrations par rapport aux filles.
« Par ailleurs, le rôle occupé confère une valeur différente. Le sexe masculin est encore plus sur-représenté dans les rôles centraux que dans les rôles secondaires. Tandis que, chez les personnages adultes, les femmes sont en très léger surnombre dans les seconds rôles« . La représentation masculine est plutôt neutre, alors que la représentation féminine est caractérisée par des attributs sexualisés (rouge à lèvres…).
Les engagements de Plume :
De manière plus générale, le fait que les livres pour enfants donnent une représentation stéréotypée et rigide de la société, sans tenir compte de son évolution, tout au moins concernant le rôle de la femme, pose problème.
Dans notre manifeste, il est clairement énoncé que : “nos histoires s’adressent à tous. Elles ne sont destinées ni au garçons, ni aux filles mais aux enfants, petits ou grands quels que soient leur profil, leurs difficultés ou leurs talents !”
- Nous souhaitons donc, autant que possible, offrir la possibilité aux filles et aux garçons de s’identifier les uns aux autres afin de sortir des stéréotypes. C’est, de surcroît, une excellente façon de s’approprier toutes les chaînes d’accords et de s’entraîner à l’exercice de réécriture du Brevet des Collèges… ;).
- Nous souhaitons que le sexe masculin ne soit pas le sexe par défaut mais que des héros féminins et masculins se côtoient harmonieusement et équitablement dans les histoires de Plume.
- Nous souhaitons sortir des stéréotypes sexistes pour donner à rêver et à créer aux filles, aux garçons, mais surtout aux enfants en général.
Vous voilà bien avisés pour continuer la suite de l’aventure. Et si vous souhaitez un peu de lecture, c’est juste en dessous…
Nos listes de livres pour lutter contre les stéréotypes :
https://www.babelio.com/liste/5923/Liste-Egalite-Filles-Garcons
Une liste d’albums loin des stéroétypes sexistes :
http://ww2.ac-poitiers.fr/dsden16-pedagogie/sites/dsden16-pedagogie/IMG/pdf/livret1fg.pdf
Vidéo très intéressante de la vision de l’égalité fille-garçon à l’ESPE ; les programmes de l’Education Nationale sont appelés à progresser dans ce sens :
Références :
- Dafflon Novelle, A. (2002a). La littérature enfantine francophone publiée en 1997. Inventaire des héros et des héroïnes proposés aux enfants. Revue Suisse des Sciences de l‘Education, 24 (2), 309-326.
- Dafflon Novelle, A. (2002b). Les représentations multidimensionnelles du masculin et du féminin véhiculées par la presse enfantine francophone. Swiss Journal of Psychology, 61(2), 85-103.
- Ferrez, E. & Dafflon Novelle, A. (2003). Sexisme dans la littérature enfantine. Analyse des albums avec animaux anthropomorphiques. Cahiers Internationaux de Psychologie Sociale, 57, 23-38
2 Replies to Des histoires pour les filles et des histoires pour les garçons ?
Bonjour,
Bravo pour cet article !
Ca bouge ! Ca bouge lentement, mais ça bouge… ✌️
Mon fils m’a dit il y a quelques mois : «Papa, souvent dans les histoires, la personne sage qui veut pas prendre de risque ou faire de bêtises, c’est la fille, alors que celui qui veut aller à l’aventure coûte que coûte, c’est le garçon…»
Il a aussi remarqué qu’Hermione Granger désobéit à cette habitude : elle est la plus intelligente, elle a un fort caractère ET elle est prête à affronter tous les dangers…
Bien à vous,
J. Gimenez
Merci pour vos encouragements ! C’est vrai que cela bouge mais je suis souvent attristée de me rendre compte que beaucoup d’adultes ont intégré ces stéréotypes.
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