De nombreux élèves éprouvent des difficultés en écriture : mais qu’entend-on exactement par « éprouver des difficultés en écriture » ? Il est bien évidemment naturel de rencontrer des difficultés quand on apprend à écrire, car l’expression écrite mobilise de très nombreuses mobilités.
De plus, l’expression écrite constitue dans l’enseignement un facteur déterminant pour la progression de l’élève. Elle favorise la réussite dans tout le cursus scolaire et renforce les compétences communicationnelles.
Nous vous proposons donc dans cet article les différentes stratégies pour aider les élèves qui seraient en difficultés en écriture. Nous ne traiterons pas ici le sujet des pathologies spécifiques comme les troubles dys (retrouvez pour cela nos articles sur la dyslexie, la dysorthographie et la dysgraphie ).
Comment savoir si un enfant est en difficulté en écriture ?
L’écriture exige l’utilisation de plusieurs habiletés en même temps : la grammaire, l’orthographe, la formation des lettres, le vocabulaire, la ponctuation, l’utilisation de majuscules, l’élaboration du contenu et la conformité aux consignes des professionnels de l’enseignement.
Pour que l’écriture soit efficace, toutes ces habiletés doivent être appliquées spontanément. Pour la plupart d’entre nous, cela représente une tâche importante.
Voici les principales difficultés rencontrées par les enfants en écriture.
Le problème de la page blanche
Le premier pas de l’écriture est bien évidemment le passage à l’écrit. Se lancer dans l’écriture peut être difficile pour un élève et spécialement si un certain nombre de tâches ne sont pas maîtrisées. L’élève ne sait par conséquent pas « par quel bout s’y prendre ». Cela peut devenir angoissant : c’est l’angoisse de la page blanche.
Il faut alors proposer à l’élève une méthode pour s’engager pas à pas dans l’écriture. Il faut également être en capacité de le rassurer sur ses compétences.
Des problèmes de formulation
Parmi les difficultés rencontrées par vos élèves, il peut y avoir des problèmes de formulation :
- la confusion entre l’oral et l’écrit ;
- le problème du niveau de langue qui n’est pas adapté ;
- le sens et la cohérence globale de l’écrit qui pose problèmes.
Les deux premiers points font référence à une difficulté de compréhension du contexte et à la situation d’énonciation. Le dernier renvoie à la capacité de structuration de l’écrit. C’est donc un tout autre problème.
Le problème de ne pas avoir les mots
Beaucoup d’élèves n’ont pas les mots pour écrire. Cette difficulté renvoie au lexique et au fait de s’approprier de bonnes compétences langagières. Au collège et plus particulièrement en Segpa, l’enseignement du lexique est une priorité. Le manque de vocabulaire peut empêcher les élèves de comprendre les textes proposés ou de se mettre à écrire. Cela se voit à la lecture de l’écrit qui est d’une grande pauvreté et dans lequel la pensée a du mal à se déployer. Du côté de l’élève, cela peut également engendrer une grande frustration de ne pas parvenir à mettre des mots sur ce qu’il souhaite exprimer.
Le problème d’avoir peur (de faire des « fautes » d’orthographe, que ce soit faux, etc.)
Certains de nos élèves se sentent inhibés, car ils ont eu une expérience difficile avec la production d’écrits. Beaucoup ont le sentiment que le retour qui va leur être fait va être négatif, qu’on ne va se concentrer que sur la forme, que le fond ne sera pas pris en compte. Ils n’osent par conséquent pas se lancer dans un processus créatif.
Les études montrent que nos élèves préfèrent ne pas écrire qu’écrire avec des « fautes » (chez Plume, nous préférons le terme d’erreur qui est moins culpabilisant). C’est très problématique parce que cela ne leur permet pas de se lancer dans un processus d’essais/erreurs qui est pourtant le seul favorable à l’apprentissage et à l’automatisation de certaines tâches.
Des problèmes de texte incohérent
Une autre difficulté rencontrée est l’incohérence des textes écrits par les élèves. Le problème que nous rencontrons dans ce cas, c’est le fait de sensibiliser les élèves au fait qu’une suite de mots ne constitue pas une phrase. Les élèves doivent pour cela avoir intériorisé une « norme minimale » de ce qu’est la langue.
Lorsqu’on écrit « charabia », ou « pas français », c’est simplement ce qu’on exprime (d’une façon plus ou moins sévère et décourageante d’ailleurs, du point de vue de l’élève).
Il existe en effet des normes de la composition textuelle, que l’on peut enseigner. Vous pouvez également demander à vos élèves de lire à voix basse ce qu’ils ont écrit une fois qu’ils ont terminé (le but n’étant pas de les afficher devant toute la classe). Ils se rendront ainsi très vite compte par eux-mêmes si cela a du sens ou non.
Le découragement ou la procrastination
En cas de découragement ou de procrastination, les élèves écrivent très peu, voire pas du tout. Il s’agit de deux ou trois mots jetés sur la page, souvent peu ou pas ponctués et probablement dénués de sens.
Cela peut paraître vraiment très décourageant lorsqu’on s’échine à demander des réponses construites et a minima des phrases qui reprennent la structure de la question initiale.
Les élèves peuvent aussi être victimes du symptôme de la page blanche, difficulté que nous avons relevée précédemment. Ils seront à l’arrêt devant leur copie et si vous leur demandez l’origine de leurs difficultés, ils ne manqueront pas de vous répondre : « J’ai pas d’idées ! »
Et du coup, quelles stratégies mettre en place pour les aider à surmonter leurs difficultés ?
Proposer un cadre d’écriture rassurant et propice aux erreurs : passer par le brouillon
L’activité d’écriture demande, dans un premier temps, des activités préparatoires qui améliorent la qualité des textes produits.
Elles peuvent prendre différentes formes :
- une recherche d’informations, une réflexion collective pour trouver des idées (pour une fiction) ;
- des notes préparatoires, un travail sur le lexique à mobiliser, un schéma, un dessin, etc.
Vous pouvez d’ailleurs rassembler toutes les notes sur la table ou sous forme d’un grand tableau de recherche.
Pour les enfants, les modifications d’un brouillon sont coûteuses. Il est donc préférable de commencer par une phase de travail sous une autre forme que le texte (schéma, tableau, dessin, etc.), afin de leur permettre de structurer et d’explorer avant d’écrire. Vous pouvez également proposer une phrase d’amorce comme nous le faisons chez Plume. Cet effet d’amorçage est souvent très « débloquant » pour les enfants qui, en réalité, ont juste besoin de se lancer.
Retrouvez également notre article sur l’usage du cahier de brouillon.
Segmenter l’écriture
Le travail effectué, du brouillon au texte final, ne s’accomplit pas d’un seul mouvement, mais de façons successives ou interrompues par des pauses d’écriture et des retours sur le « déjà écrit ».
Voici un déroulement que vous pouvez suivre (gardez néanmoins à l’esprit que les enfants de primaire adopteront plus systématiquement un brouillon linéaire) :
- rédaction du premier jet ;
- mise en texte : le texte peut être oralisé de sorte que des éléments d’amélioration viendront à l’esprit de l’enfant. L’oralisation aidera à prendre conscience des effets de lecture produits par chaque texte. D’ailleurs, c’est dans cet état d’esprit que nous permettons aux enfants sur Plume d’écouter leurs textes. Cela peut également être très intéressant pour l’enfant d’enregistrer son texte. Lorsqu’il a des idées, le laisser les dicter afin qu’il puisse les réécouter plus tard ;
- évaluation du premier jet : le texte est confronté à la liste des critères pour guider l’amélioration du premier jet. Idéalement, l’enseignant produit cette grille d’évaluation si nous sommes dans un contexte scolaire. Sinon, et en dehors de toute considération évaluative, vous pouvez accompagner votre enfant à y réfléchir au moment de la planification avec des questions du type : « de quoi ai-je besoin pour que ce texte soit réussi ? » ;
- finalisation (une réécriture ou plusieurs réécritures successives vers une rédaction finale).
En tout état de cause, le plus important est que votre enfant saisisse la nécessité de préparer son écrit. Qu’il assimile que son écrit, comme sa pensée, sont en construction.
Entraîner à la graphie
Des études de corrélation montrent que « plus le graphisme est maîtrisé par un élève, plus les performances de l’élève en production écrite, sont élevées. » Ces études se sont intéressées à des relations entre l’écriture, l’orthographe, et la performance en composition : c’est-à-dire la fluidité de la production et la qualité du résultat. Un échantillon portant sur 600 enfants de la première à la sixième année de scolarité montre « que le graphisme a une influence directe sur la fluidité et la qualité de la composition écrite ».
Un entraînement à la graphie produit par conséquent des résultats significatifs sur la production d’écrits. Veillez cependant à ménager la fatigabilité de l’enfant de sorte que celui-ci ne se sente pas puni ou sanctionné.
Différer le temps de relecture
Les enfants les plus jeunes font généralement des productions plus courtes et qui contiennent plus d’erreurs que celles des plus âgés. Néanmoins, ils réalisent aussi plus de révisions que les plus âgés. Cela suppose que la révision est une activité qui s’apprend, et qui peut même devenir une habitude.
Plusieurs temps de relecture peuvent être mis en place.
Un premier temps peut être dès que l’enfant a terminé d’écrire (Plume permet d’ailleurs à l’enfant de le faire en toute autonomie grâce à la fonctionnalité « Améliorer mon texte »). Vous l’avez sans doute remarqué, les élèves détestent revenir sur leurs écrits longtemps après. Cette première relecture immédiate peut donc se révéler efficace, car ils n’ont pas encore quitté l’activité d’écriture.
Un second temps peut être mis en place plus tard. L’enseignant aura ainsi eu le temps de regarder et de faire aussi d’éventuels retours s’il le souhaite. Les études montrent d’ailleurs que le retardement de la phase de révision (environ une journée) améliore la qualité de la relecture.
Ménager la fatigabilité
L’écriture demande beaucoup de concentration à un élève, surtout s’il est en difficulté. Veillez donc à ménager la fatigabilité de vos élèves, car ils ne peuvent pas être sur tous les fronts !
En classe, l’enseignant peut par exemple distribuer des photocopies et textes à trous afin de faciliter la prise de notes.
L’achat de cahiers avec un interligne plus grand ou présentant des lignes d’écritures colorées peut aussi être envisagé comme un vrai coup de pouce à l’enfant. (Vous pouvez les trouver sur un site comme Serpodile par exemple).
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