La classe de CP est souvent une classe très attendue par les enfants et leurs parents. C’est en effet le passage dans « la grande école » qui augure d’un apprentissage crucial : l’apprentissage de la lecture ! Mais l’écriture est pour autant tout aussi nécessaire. L’interaction entre les deux compétences a depuis longtemps été mise en exergue par la recherche.
Alors comment écriture et lecture peuvent-elles se servir mutuellement. Et quelle est la place de la lecture dans la production d’écrits ? C’est ce que nous allons essayer d’éclaircir ! Il est en effet possible de partir de l’écriture pour faire de la lecture. Tout comme il est possible de partir de la lecture pour faire de l’écriture.
L’importance de la classe de CP et de ses apprentissages
Le cours préparatoire (CP) est la classe la plus emblématique du système éducatif français. En effet, elle représente le passage à la « grande école » et tous les acteurs, qu’il s’agisse des enfants, des familles ou des professeurs, ont bien conscience qu’une grande partie de l’avenir scolaire des élèves s’y joue.
Le cours préparatoire fait partie du cycle des apprentissages fondamentaux et revêt une importance majeure dans l’acquisition des bases qui constituent le Socle commun de connaissances et de compétences que l’École doit donner à tous les élèves le moyen d’acquérir.
D’ailleurs, la maîtrise de la langue française est le premier des sept grands domaines de compétences de ce socle commun. C’est l’objectif majeur des programmes de l’école primaire. « La langue française est l’outil premier de l’égalité des chances, de la liberté du citoyen et de la civilité : elle permet de communiquer à l’oral comme à l’écrit, dans diverses situations ; elle permet de comprendre et d’exprimer ses droits et ses devoirs. »
En classe de maternelle, le travail sur les sons de la parole, l’acquisition du principe alphabétique et des gestes de l’écriture préparent l’apprentissage systématique de la lecture et de l’écriture qui commencera au cours préparatoire.
Les programmes du CP et du CE1 précisent que « dès le cours préparatoire, les élèves s’entraînent à déchiffrer et à écrire seuls des mots déjà connus. L’articulation entre lecture et écriture est indispensable à cet apprentissage. Cet entraînement conduit progressivement l’élève à lire d’une manière plus aisée et plus rapide (déchiffrage, identification de la signification) ».
Les composantes de l’apprentissage de la lecture : savoir lire ne suffit pas !
La plupart des recherches décrivent avec précision et de façon robuste les composantes de l’apprentissage de la lecture. Cependant, savoir lire ne suffit pas.
En fait, c’est principalement sur des épreuves écrites que l’école évalue la réussite en lecture des élèves. L’autonomie en écriture est une condition essentielle de la réussite scolaire et de l’intégration sociale.
Articuler fortement l’apprentissage de la lecture et la production d’écrits s’impose donc. Anne-Marie Chartier, Christiane Clesse et Jean Hébrard confirment cette complémentarité en expliquant que « dès le CP, il faut mettre en place des situations où les enfants ont pour consigne d’écrire par eux-mêmes ».
En effet, « cette activité a des effets en retour extrêmement importants sur la lecture, ne serait-ce que parce que les enfants sont sans cesse obligés de se relire au fur et à mesure qu’ils avancent dans leur production. Ainsi ils exercent leur mémoire du lexique écrit, apprennent à enchaîner leurs propos, se confrontent à des problèmes de syntaxe et doivent faire attention simultanément à différentes tâches concernant différents niveaux du texte ».
Éveline Charmeux va même plus loin en affirmant que « lecture et écriture sont intimement liées dans l’apprentissage : plus l’enfant produit de textes, en situations effectives, plus il devient capable d’approfondir les significations de ce qu’il dit, notamment en découvrant l’importance du « non-dit », dans tout message produit et plus il lit, plus il peut repérer et s’approprier des stratégies diverses d’écriture ».
Qu’est-ce que lire ? Qu’est-ce qu’écrire ?
Lire…
La lecture peut être définie comme le fait de construire du sens suite à la rencontre, dans un contexte particulier, d’un sujet et d’un texte écrit. Cette interaction permet la construction de significations (compréhension et interprétation) et l’appréciation.
« En termes cognitifs, lire, c’est transformer la représentation visuelle d’une séquence de lettres en une représentation de sa prononciation et/ou de sa signification éventuelle ».
Ainsi, lire est une activité langagière impliquant la mise en relation du langage écrit avec le langage oral : il est important de comprendre que l’écrit code du sens et de la parole, que les lettres transcrivent la parole et que, quand on a des lettres, on retrouve la parole.
Toutefois, il est important de préciser qu’apprendre à lire, c’est apprendre à mettre en jeu en même temps deux activités très différentes: identifier les mots écrits et comprendre leur signification.
Le principe de base à toujours garder à l’esprit sera donc le suivant : lire apprend à écrire, écrire apprend à lire !
Et écrire !
L’écriture peut être définie comme un acte de communication, un acte de création qui permet au scripteur de verbaliser sa pensée. L’écrit est donc un langage codé graphiquement au moyen de signes correspondant à des éléments sonores.
L’écriture est également « le produit d’un geste qui gère l’espace pour créer et déposer sur un support des formes codifiées non symboliques dont l’agencement en lettres puis en mots constitutifs de phrases ou isolés permettra au lecteur qui connaît le code de saisir le sens de l’écrit ».
Grâce à cette définition de Danièle Dumont (docteur en sciences du langage), nous pouvons voir, une nouvelle fois, le lien entre la lecture et l’écriture. Pour pouvoir lire et saisir le sens de l’écrit, il faut connaître le code. À cette notion d’écriture s’ajoute le terme de « production d’écrit ». Cela sous-entend la nécessité de s’engager dans une véritable méthode, dans un travail de structuration.
Quelles sont les attentes en classe de CP ?
Ce que disent les programmes
Le BO de février 2002 affirme que c’est en grande section que les enfants s’approprient les instruments de la culture écrite. C’est dans l’oral que l’on apprend à lire et à écrire. Durant le cycle des apprentissages fondamentaux, l’enseignant doit donc faire en permanence le lien entre la lecture et l’écriture pour permettre aux élèves d’accéder à ces deux notions.
- La continuité entre le CP et le CE1 est renforcée, le code alphabétique est travaillé dès le début du CP.
- À la fin du cours préparatoire, la construction des savoirs et savoir-faire suivants est attendue des élèves.
Les attendus
- « la compréhension de textes lus par le maître : il importe de continuer à travailler cet acquis de l’école maternelle qui souvent régresse ou stagne au CP ;
- la capacité à lire seul une consigne simple, un court texte en relation avec un univers connu (fictif ou documentaire) et à en tirer des informations ;
- le déchiffrage de mots réguliers inconnus, ce qui suppose la maîtrise des correspondances graphèmes/phonèmes au moins dans les cas « simples » ;
- l’acquisition des graphèmes et phonèmes complexes (par exemple oin, gn…) peut être encore fragile ;
- l’identification immédiate (reconnaissance directe) des mots-outils fréquents et des mots usuels des activités scolaires ;
- la lecture à haute voix d’un texte court en situation de vraie communication ;
- la copie d’un texte court ;
- la capacité à se relire pour se corriger (comparaison avec un modèle) ;
- la production autonome d’un écrit en s’aidant des outils de la classe ».
Cette liste de compétences confirme bien que la lecture et l’écriture vont de pair dans le domaine de la maîtrise de la langue française.
Les programmes du CP et du CE1 insistent d’ailleurs sur ce point. « Les apprentissages de la lecture et de l’écriture, qu’il s’agisse des mots, des phrases, des textes, menés de pair, se renforcent mutuellement tout au long du cycle ».
Les progressions
Les progressions donnent des repères aux équipes pédagogiques pour organiser la progressivité des apprentissages. Pour le cours préparatoire, la discipline du français est divisée en six domaines :
- le langage oral,
- la lecture,
- l’écriture,
- le vocabulaire,
- la grammaire ;
- l’orthographe.
Pour accéder à la lecture et à l’écriture, l’enseignant doit notamment passer par la lecture à haute voix, la compréhension de textes, la dictée à l’adulte ou encore la relecture.
Le socle commun de compétences
Le Socle commun de connaissances et de compétences présente ce que tout élève doit savoir et maîtriser à la fin de la scolarité obligatoire. Introduit dans la loi en 2005, il constitue l’ensemble des connaissances, compétences, valeurs et attitudes nécessaires pour réussir sa scolarité, sa vie d’individu et de futur citoyen.
Le socle s’organise en sept grandes compétences. La lecture et l’écriture font partie de la première compétence qui concerne la maîtrise de la langue française et passe par :
- la capacité à lire et comprendre des textes variés ;
- la qualité de l’expression écrite ;
- la maîtrise de l’expression orale ;
- l’apprentissage de l’orthographe et de la grammaire ;
- l’enrichissement quotidien du vocabulaire.
Ainsi, à la fin du CE1, l’élève doit être capable, par exemple, de lire seul, à haute voix, un texte comprenant des mots connus et inconnus ou encore d’écrire de manière autonome un texte de cinq à dix lignes.
Pour accompagner les programmes de 2008, un nouveau document intitulé Lire au CP est publié en janvier 2010. L’actualisation de ce document lui a permis d’être en parfaite adéquation avec les programmes de 2008. Ce document présente des idées de modalités pédagogiques à mettre en place au sein de la classe.
- D’une part, il doit « organiser des activités qui permettent d’acquérir les clés techniques de la lecture et qui conduisent à l’identification des mots et à la compréhension de textes ».
- D’autre part, il doit « mettre en place des activités de réception/compréhension et des activités de production ».
Pour un bon apprentissage de la lecture et de l’écriture, quatre domaines doivent donc être pris en compte :
- l’identification des mots ;
- la compréhension des textes ;
- la production écrite ;
- l’acculturation au monde de l’écrit.
Comment faire pour articuler lecture et écriture en classe de CP ?
Engager de très fréquentes relectures / révisions
Le moment de la révision textuelle est vraiment très important en classe de CP. C’est pourquoi chez Plume, nous proposons dans un premier temps un mode « étiquettes ». Celui-ci permet de travailler progressivement l’entrée dans l’écrit.
Revenir sur son écrit nécessite de prendre de la distance avec ce qui a été couché sur le papier. Cela passe naturellement chez les enfants de CP par l’oralisation et la lecture à voix haute. On n’hésitera pas non plus à utiliser la fonctionnalité speech to text pour éviter de trop charger cognitivement les élèves, notamment ceux en difficulté.
Le passage par l’oralisation est un lien entre lecture et écriture
L’enseignant doit parvenir à créer un lien entre l’oral (connaissances acquises) et l’écrit (connaissances à acquérir). Les enfants doivent donc apprendre à oraliser ce qu’ils vont ensuite écrire.
Tout d’abord, les élèves vont pouvoir oraliser leurs propres écrits (lire des parties rédigées au cours d’un exposé ou lire un écrit de travail). Cela pour les communiquer aux autres, pour s’auto-évaluer ou encore pour mémoriser.
La dictée à l’adulte est également une solution pour lier la lecture et l’écriture au cours préparatoire. Elle est d’ailleurs utilisée dès la maternelle et permet, avant même que l’élève ne maîtrise l’écriture, d’entrer dans une production écrite en étant aidé par l’adulte. Au cycle des apprentissages fondamentaux, il semblerait également que la mise en mots des textes produits passe encore de manière privilégiée par la dictée à l’adulte.
Ainsi, la dictée à l’adulte permettrait aux élèves de construire leurs représentations sur l’acte d’écrire et sur la nature de l’écrit. Les activités de dictée à l’adulte constitueraient donc un cadre de réflexion sur les relations entre oral et écrit !
La variété des supports écrits permet d’articuler l’apprentissage de la lecture avec celui de l’écriture
À l’école, de nombreux supports écrits sont présents. Par exemple : les affiches d’information, les billets à transmettre aux parents, les documentaires, les magazines, les manuels, les contes, les bandes dessinées… Il faut donc permettre aux enfants de manipuler ces différents supports, qu’il s’agisse de littérature de jeunesse ou non. Ceci afin de leur permettre de produire ce genre de supports écrits.
Le support livre qui est proposé par Plume est également le support parfait. Le livre permet de se représenter de façon extrêmement concrète ce qu’est un projet littéraire. Il constitue la finalisation d’une tâche de planification aussi longue que celle de l’écriture. Il permettra en outre l’oralisation, en famille par exemple !
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