Améliorer l’expression écrite des élèves n’est pas chose aisée. L’importance de l’acquisition des savoirs fondamentaux, parmi lesquels les compétences en expression écrite, par les élèves des cycles 2 et 3 est largement établie. En effet, le rapport à l’écriture infléchit les apprentissages en français, mais également, du fait de sa dimension transversale, tous les champs disciplinaires. Au-delà, la maîtrise de ces compétences peut s’avérer décisive dans la vie future des apprenants, sur un plan personnel, scolaire ou professionnel. C’est pourquoi le sujet de l’amélioration de l’expression écrite nous préoccupe en tant qu’enseignant ! Or, il est vraiment difficile d’enseigner la production d’écrits, d’abord parce que cela est réellement chronophage (en termes de corrections), et surtout parce que la différenciation pédagogique nécessaire est difficile voire impossible. Résultat : le temps et la fréquence consacrés à l’apprentissage de l’écrit sont trop faibles.
Pourtant, cet apprentissage commence dès le cycle 1 et se développe aux cycles 2 et 3.
Les raisons des difficultés de nos élèves en expression écrite
Les évaluations standardisées s’intéressent peu à la capacité des élèves à écrire et à rédiger et se concentrent principalement sur les capacités orthographiques des élèves.
Les données existantes indiquent que, si les élèves français entrent plus facilement dans l’écriture, ils développent une faible appétence pour rédiger dans le cadre scolaire et ont des difficultés orthographiques, tout au long de la scolarité obligatoire.
« Les élèves français rédigent peu lorsqu’ils sont sollicités dans des évaluations pour produire des textes : 40 % proposent des textes courts ou très courts (Cedre 2015 en 3ᵉ).
Par rapport aux élèves européens, les élèves français sont également moins nombreux à rédiger des réponses à des questions ouvertes (Pirls 2011).
Pourtant en dehors de l’école, les pratiques d’écriture sont fréquentes chez les jeunes via le numérique : par exemple, 77 % des 12-17 ans écrivent sur les réseaux sociaux (Crédoc, 2014).
Cette difficulté en français se répercute sur les apprentissages dans les autres disciplines. Au-delà des faiblesses en production, les élèves français rencontrent également de plus en plus de difficultés dans les exercices de dictée, dans lesquels le nombre d’erreurs a nettement augmenté ces 30 dernières années. »
L’impact sur les autres matières
Le sociologue français Bernard Lahire met en évidence les difficultés rencontrées par les élèves dits « en échec » dans Culture écrite et inégalités scolaires. Sociologie de l’« échec scolaire » à l’école primaire (1993). Ces « échecs » ont tous pour principe un rapport au langage inadéquat dans les formes scolaires. L’analyse des relations entre ces différentes performances permet de dire qu’une disposition générale à l’égard du langage sous-tend la réussite à l’ensemble des tâches scolaires : un rapport réflexif au langage qui permet de centrer son attention sur le langage verbal en tant que tel dans ses aspects spécifiques (phonologique, lexicaux, syntaxiques, sémantiques, etc). Il en ressort la nécessité de construire un enseignement différencié s’attachant à bien prendre en compte toutes ces problématiques.
C’est d’ailleurs pour parer à cette difficulté que Plume a été créée !
L’enseignement de l’expression écrite en cycles 2 et 3
À l’école, le langage verbal est l’objet d’une attention spécifique et est considéré comme le matériau organisable, articulable de façon à produire du sens. Du CP au CM2, les enseignants ont pour objectif de faire progresser les élèves de la maîtrise de la phrase écrite simple (sujet-verbe-complément) au texte comme organisation complexe de phrases impliquant une série d’exigences spécifiques (ordre des phrases, alternance entre les temps, liaisons entre les différentes phrases, etc.). Le sociologue britannique Basil Bernstein décrit précisément ces pratiques langagières scolaires visées par les enseignants. L’acquisition de l’expression écrite nécessite une structuration des éléments du discours (organisation, classement, suite logique ou chronologique, ordonnancement).
Les textes doivent combiner de nombreuses contraintes : structurelles, textuelles, mais aussi orthographiques, grammaticales comme lexicales et rendre visibles les démarches de l’élève. La “réussite” ou “l’échec” en orthographe et particulièrement en orthographe grammaticale sont les indicateurs précis du degré d’attention portés au langage en tant que tel. Il est clair que pour maîtriser l’orthographe grammaticale et une partie de l’orthographe d’usage, l’élève doit maîtriser l’ensemble des paradigmes et des relations qui se tissent entre leurs différents éléments.
Les étapes de la production d’écrit
Du brouillon à la correction, l’élaboration finale passe par des étapes déterminées et se réalise comme on architecture un édifice : « L’expression écrite a toutes les caractéristiques de la construction : de la production verbale consciente volontaire, intentionnelle qui nécessite une démarche que l’on peut qualifier de rationnelle. » À ce titre, l’expression écrite est jugée comme l’une des difficultés les plus grandes, avec l’orthographe, rencontrées par les élèves.
Or, elle nécessite d’être maîtrisée : en tant que savoir fondamental d’une part, elle est l’objet d’un apprentissage, mais elle est aussi un moyen d’apprentissage : écrire a des effets épistémiques, cela permet d’apprendre. Les travaux de recherche sur les compétences fondamentales ont mis en évidence l’impact de la maîtrise de l’écrit sur les autres acquisitions.
Il se joue dans l’enseignement de l’écrit, quelque chose de particulier. Sylvie Plane, professeur de Sciences du langage, insiste sur la nécessaire « bienveillance à l’égard des textes produits : pour que les élèves progressent, il faut qu’ils prennent le risque de s’engager dans l’écriture. Or, ils ne peuvent le faire que s’ils sentent que l’enseignant fera l’hypothèse que leur texte traduit une intention, une volonté de signifier et qu’il les aidera, si besoin, à clarifier ces intentions.¹ »
C’est tout un rapport à l’écriture qui se construit et qui nécessite de mettre en place un cadre de confiance, propice à l’engagement des élèves. L’appétence à écrire, l’estime de soi en écriture sont déterminantes.
C’est pourquoi nous développons avec Plume, la possibilité d’écrire son propre livre : pour proposer un projet littéraire concret qui donne confiance en soi ! Retrouvez notre projet pédagogique.
Écrire, un apprentissage complexe !
La complexité du travail écrit
Apprendre à écrire, ce n’est pas apprendre à traduire, avec des lettres, des mots et des phrases, quelque chose qui existait avant. L’écrit n’est ni la transposition graphique de l’oral, ni l’impression direct de la pensée. C’est le résultat d’un travail patient et minutieux. Il faut commencer avec ce dont on dispose, faire des essais, mettre les mots dans un sens, puis dans un autre. Ajouter quelque chose, se reculer pour voir l’effet que ça fait, l’enlever parce que « ça ne marche pas » ou que, tout simplement, ce n’est pas très joli.
Et puis, il y a des vides : on essaye un nom ou un verbe, on sent que ça n’est pas cela qu’on veut vraiment dire, on en essaye un autre et ça ne va pas non plus. Alors, on laisse un trou et on continue. On y revient plus tard et on bute toujours. Et puis, on trouve le mot qu’il fallait. Sur l’application Plume par exemple, l’élève peut à tout moment solliciter une aide pour se trouver « débloqué ».
Un processus constitué de tâches multiples
Ce processus complexe peut être décourageant pour un enfant qui n’a pas forcément la possibilité de se projeter dans un temps aussi long et pour qui la tâche finale demeure abstraite. Les sentiments que peuvent alors ressentir les élèves sont le découragement, le sentiment de ne pas avoir les mots justes, une faible estime de soi…
L’expression écrite nécessite en effet la maîtrise de tâches multiples : le geste de l’écriture, pour commencer, la connaissance de la langue écrite – un code qui ne s’acquiert qu’avec la proximité des textes écrits –, une bonne orthographe et une compréhension de la syntaxe.
À ces soucis de forme s’ajoute la difficulté liée à la création du contenu, c’est-à-dire la construction du texte, avec un début, un milieu et une fin. Il n’est donc pas étonnant que l’expression écrite rebute nos élèves !
Le processus de développement de l’écriture peut se représenter comme un triangle
- la transcription (écriture à la main et orthographe) ;
- les fonctions exécutives (attention consciente, planification, révision, correction, stratégies d’autorégulation) correspondent aux angles à la base ;
- et la production de texte (mots, phrases, discours) est positionnée au sommet.
L’élève ne peut donc pas se concentrer sur toutes les faces du triangle à la fois !
Plusieurs pistes pour aider concrètement nos élèves :
Il existe plusieurs moyens pour aider les élèves à améliorer leur expression écrite :
Encourager la lecture
La lecture est un excellent moyen d’améliorer l’expression écrite, car elle expose les élèves à des idées clairement structurées. Elle expose en outre à un niveau de vocabulaire riche et varié. Ceci est très important pour l’amélioration de l’expression écrite. Permettre aux élèves de lire leurs textes est également essentiel, car cela permet aux élèves de saisir la dimension essentielle de l’écrit : transmettre, être compris des autres.
Faire rédiger régulièrement
La pratique est essentielle pour améliorer l’expression écrite. Encouragez les élèves à écrire régulièrement des textes sur des sujets qui les intéressent. La pratique de l’expression écrite, lorsqu’elle s’ancre dans le quotidien de nos élèves, se voit facilitée. Elle permet de surcroît de faire comprendre la nécessité du code écrit. Vous trouverez sur Plume de nombreux défis d’écriture amusants. Ceux-si permettront à vos élèves d’écrire sur des thématiques qui leur plaisent !
Donner des consignes claires et ciblées (souvent sur une ou deux compétences)
Assurez-vous que les élèves comprennent bien ce qu’on attend d’eux avant de commencer à écrire. En effet, un des principaux écueils de la production d’écrits est que les exercices rédactionnels sont totalement déconnectés de tout contexte ou situation d’énonciation ancrée. C’est pour quoi sur Plume, chaque mission d’écriture indiquée par une consigne claire et précise, qui s’insère dans le contexte. Par exemple, vos élèves peuvent coécrire une histoire en répondant, à la fin de chaque chapitre, à une mission d’écriture. Celle-ci permet aux écrits des élèves d’insérer leur texte dans l’histoire qu’ils lisent.
Fournir un modèle de texte
Donnez aux élèves un exemple de texte bien écrit sur le sujet qui leur est proposé. Cela afin qu’ils puissent s’en inspirer. On pensera également aux exercices de pastiches bien connus ou « écrire à la manière de… », exercices littéraires fameux auxquels de nombreux écrivains se sont adonnés avec joie.
Réviser les écrits
Il est important de revenir sur ses écrits, les annoter, les amplifier, les rectifier. Il faut également aider vos élèves à structurer leurs idées et à améliorer la clarté de leur expression. C’est possible sur Plume avec l’espace correction de l’enseignant. Celui-ci permet à l’enseignant de faire des demandes de modification ou bien de corriger les textes de ses élèves. L’élève peut quant à lui, une fois qu’il a terminé d’écrire un texte, utiliser la fonctionnalité « Améliorer mon texte ». Celle-ci lui indique ses erreurs orthographiques et grammaticales, les lui explique et lui donne des suggestions de correction. Cela sans pour autant corriger à sa place. L’élève peut ainsi se corriger tout seul.
Encourager la collaboration
Les élèves peuvent apprendre beaucoup de leurs pairs. Encouragez-les à échanger et à se donner des conseils pour améliorer leur expression écrite. L’apprentissage entre pairs est, en effet, extrêmement efficace. Il permet la reformulation et la mise à distance des concepts.
Donner des retours constructifs et fréquents
Les retours sont importants pour aider les élèves à comprendre ce qu’ils ont bien fait et ce qu’ils peuvent améliorer. Faites des commentaires précis et constructifs pour aider les élèves à progresser. Vous pouvez d’ailleurs le faire directement sur Plume dans votre espace de correction.
Découvrez également comment développer le plaisir d’écrire en CE2 et 7 astuces pour donner envie d’écrire à l’école.
Vous pouvez également lire le témoignage de Stéphanie, qui utilise Plume en cycle 2. Ou bien le témoignage de Jean-Pierre, qui l’utilise pour le cycle 3. Vous découvrirez comment ils utilisent Plume en classe, afin d’améliorer l’expression écrite chez leurs élèves.
Notes :
- Sylvie Plane, 1. Sylvie Plane, « Redonner toute sa place à l’écriture et à son apprentissage ».
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